équipe sexy, stade fantôme, crise financière, renaissance éclaire… L’histoire sinueuse du Mans qui défie le PSG

DÉCRYPTAGE – Visage familier de la L1 de 2005 à 2010, le Mans a souvent créé des surprises avant de totalement s’effondrer sportivement et financièrement. Retour sur l’histoire sinueuse d’un club pas comme les autres, qui défie le PSG en Coupe de France.
« Une saison au PSG, c’est 200 ans de budget pour Le Mans FC ! » rétorque Thierry Gomez le président du Mans à Ouest France avant de rencontrer le leader de Ligue 1 en Coupe de France. Dis comme ça, c’est vrai que la marche semble grande, même immense pour un club loin de ses meilleures heures mais aussi de ses pires. Fort d’un parcours semé d’embûches depuis sa création en 1985, les Mucistes ont, ces 20 dernières années, tutoyé les sommets avant de passer brusquement du cauchemar à l’espoir.
La belle Surprise de la L1
De retour dans l’élite à partir de la saison 2005-2006, l’effectif enchaîne le bon et le moins bon avec Frédéric Hantz comme coach et assure ses maintiens en Ligue 1. Un groupe solide porté par ses cadres, Stéphane Sessègnon, Marko Basa, Tulio de Melo et Romaric, qui s’offre des succès marquants contre l’OM ou encore face au PSG au Parc des Princes. Le 27 février 2008, le club est à son apogée. Au sein de son enceinte Léon-Bollée, il dispute sa troisième demi-finale de Coupe de la Ligue consécutive. Cette fois, opposés au RC Lens, au terme d’un match fou, les locaux cèdent finalement 5-4 au bout des prolongations. En parallèle, le club emmené désormais par le prometteur Rudi Garcia sur son banc réalise la meilleure saison de son histoire en Ligue 1 en étant même leader lors de la 2e et 3e journée. Au final, il termine 9e à cinq points des places européennes.
Dans l’euphorie d’une année réussie et d’un maintien assuré depuis plusieurs saisons, les dirigeants souhaitent faire du club, un visage familier à long terme de la première division. Dans cette idée, ils décident de lancer la construction d’un nouveau stade de 25 000 places à la pointe de la technologie : la MMA Arena. À cet instant, tout bascule progressivement sur et en dehors du terrain.
Crise financière et sportive, stade «fantôme»
Saison 2008-2009, les travaux de la future «MMA Arena» débutent pour un montant d’environ 102 millions d’euros. Le Mans prend le pari de miser sur un futur en Ligue 1 et des droits TV importants pour pouvoir régler progressivement l’addition. Mais après une année réussie, les cadres ne peuvent être retenus (Rudi Garcia, Tulio de Melo, Marco Basa, Romaric quittent progressivement l’effectif…). Trois coachs différents s’emploient pour réussir à maintenir in extremis le club en L1 pour trois petits points. L’année suivante (2009-2010), pas de miracle, sans équilibre sportif, le Mans est officiellement relégué en Ligue 2 huit mois avant l’inauguration de son nouveau stade.
JEAN FRANCOIS MONIER / AFP
Forcé de remonter dans l’élite rapidement pour se sauver d’une crise financière, le club parvient à conserver la quasi-totalité de ses cadres en interne pour être compétitif en deuxième division. Sans difficulté, le MUC72 squatte les premières places du classement et le podium pendant une grande majorité de la saison. C’est lors de la 37e journée de championnat que tout s’écroule, ils encaissent trois buts en 15 minutes contre Vannes, ce qui condamne leur chance de remonter. La promotion se jouera avec Dijon au goal-average… Rageant.
Sans les recettes qu’offre la Ligue 1, impossible de s’affranchir du loyer annuel de son stade flambant neuf. Incapable de payer les salaires de ses joueurs, le club est obligé de vendre massivement à l’été 2011 pour équilibrer ses comptes. L’effectif amoindri passe tout proche de la relégation en Nationale en 2012 en terminant à la 17e place de Ligue 2. Avec un trou économique de près de 14 millions d’euros, le club va couler et descendre en National en 2013. Après analyse du dossier, la commission d’appel de la DNCG va faire rétrograder les Manceaux en sixième division (R1) en juillet 2013 en raison de sa situation économique. Quelques mois plus tard, le tribunal du Mans prononce une liquidation judiciaire du club laissant un stade flambant neuf vacant, véritable cauchemar.
Une renaissance éclaire
Après des années galères à tout reconstruire sous la direction de Jean Pierre Pasquier, les Sang et Or montent rapidement en CFA 2 et atteignent à plusieurs reprises des 32es de finales de Coupe de France. Il faut attendre 2017, lors de l’arrivée de Thierry Gomez pour qu’ils retrouvent leur MMA Arena (devenu le stade Marie Marvingt) et la CFA. En s’appuyant sur des joueurs d’expériences, l’équipe monte la saison suivante dans l’antichambre du football français. 3e pour son retour en National et stable en interne, ils terminent sur le podium et accèdent à la Ligue 2 en 2019 après des barrages remportés contre le Gazélec Ajaccio. Six ans après sa liquidation judiciaire, le Mans retrouve le statut professionnel.
Le bonheur est hélas de courte durée, un mauvais début de saison et la crise Covid de 2020 les replongent en National à cause d’un championnat gelé à la 28e journée, ils ne sont pourtant qu’à 2 petits points du premier non relégable. 4e en 2021, ils se sauvent de la relégation pour deux points en 2023 et sont désormais installés en première partie de tableau.
En Coupe, hasard du tirage, ils ont bénéficié d’un parcours clément jusqu’ici, le Mans s’est contenté de respecter son statut. Une large victoire contre le petit poucet Marmande en 32es (7-0) et une victoire arrachée aux tirs au but contre Valenciennes en 16es (4-3). Cette fois, le groupe présidé par Thierry Gomez a tiré le plus gros des adversaires. «Il y a une énorme différence de niveau avec le PSG. Mais en football, rien n’est jamais écrit.» a-t-il déclaré. Ce mardi, la magie de la doyenne des compétitions pourrait une nouvelle fois opérer.
Apsny News