que représentait le blason épiscopal du pape Léon XIV ?

FOCUS – La science des armoiries est très codifiée. Celles de Robert Prevost alors qu’il était cardinal comportent des références directes à son diocèse péruvien, comme à l’ordre de Saint-Augustin dont il se réclame.
Un «homme discret» et «missionnaire», doté d’un «sens de l’écoute et des décisions»… Quelques heures à peine après la nomination du cardinal américain Robert Prevost à la tête du Saint-Siège, les qualificatifs affluent pour tenter de dessiner le portrait du prélat de 69 ans, qui prend la succession du Pape François.
Son discours prononcé au balcon de la basilique devant la foule innombrable venue l’acclamer présage d’un pape modéré, qui semble s’inscrire dans l’héritage du pape François. Et ses quelques mots en espagnol, adressés à son diocèse péruvien de Chiclayo, où il a exercé son ministère pendant deux décennies laissent également deviner l’image d’un souverain profondément attaché à ses racines – géographiques comme intellectuelles.
Symbole de Marie
Preuve en est de son blason épiscopal, qui sera modifié pour représenter sa fonction pontificale. Selon les coutumes de l’héraldique (soit la science des armoiries) ecclésiastique, dont l’usage perdure depuis le XIIIe siècle, le côté gauche de l’écu est dédié à la juridiction ou au territoire desservi par l’évêque. Dans le cas de celui du pape Léon XIV, cette partie est occupée par une fleur de lys blanche sur fond bleu. Cette fleur, associée à la couleur mariale, représente la Vierge Marie sous le titre d’Immaculée Conception, patronne du diocèse de Chiclayo.
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Dans l’héraldique ecclésiastique, la partie droite de l’écu désigne plus spécifiquement les qualificatifs de la personne. On trouve sur le blason de Robert Prevost un Sacré-Cœur percé d’une flèche, sur un livre fermé. Ce symbole est celui de l’Ordre de Saint-Augustin, que le nouveau pape a intégré à l’âge de 22 ans, et dont il a d’ailleurs été prieur général pendant douze ans. L’ordre mendiant fondé au XIIIe siècle se réfère à la règle de Saint-Augustin, qui prêche l’unité, la pauvreté de vie et la charité, et dont la théologie met l’accent sur la recherche de la vérité intérieure.
L’écu est surmonté de sa devise, «in illo uno unum» («Dans Celui qui est Un, soyons un»), issue d’un sermon de Saint-Augustin (Psaume 127 : «Bien que nous, chrétiens, soyons nombreux, dans l’unique Christ, nous sommes un»), qui reflète son aspiration à l’unité au sein de l’Église. En cela, ces armoiries «remplissent leur fonction symbolique, qui est d’être comprises immédiatement» par le spectateur, précise à cet effet Eric Mension Rigau, historien spécialiste de l’étude des élites.
Clés de Saint-Pierre et tiare pontificale
Les ornements extérieurs comportent quant à eux un chapeau à large bord, motif traditionnel sur les blasons épiscopaux. Ce «galero» était initialement réservé au «bas clergé», soit les moines et les prêtres officiant dans les paroisses, au plus près du peuple de Dieu, jusqu’à ce que le pape Innocent IV l’impose aux cardinaux en 1245. Le couvre-chef, rouge en écho à la fonction cardinale de Robert Prevost, surplombe une cordelière à quinze houppes. Posée en pal derrière l’écu, la croix de procession à double traverse est l’unique signe que les évêques ont le droit de porter.
Élu pape jeudi, Robert Prevost va cependant voir son blason être modifié pour qu’il y reflète la fonction pontificale. Et là encore, les armoiries papales comportent des figures bien spécifiques. Apparues au cours du XIIe siècle, elles sont codifiées au XVIIe siècle par le généalogiste Pierre Palliot. Elles comprennent, depuis le pape Innocent III (1198-1216), les clefs de Pierre. Ces ornements désignent le pouvoir de lier et de délier accordé par le Christ à l’apôtre et à ses successeurs. L’une, en or, qui va de dextre à sénestre (de gauche à droite, selon l’usage de l’héraldique), représente le pouvoir qui s’étend sur le royaume des cieux. L’autre, la clé d’argent, positionnée en sens inverse, symbolise le pouvoir pontifical sur les fidèles de la terre. Les poignées sont en bas, car elles sont dans la main du pape, tandis que les pannetons (la partie supérieure de la clé) sont en haut, car le pouvoir de lier, comme de délier, appartient au Ciel.
Les blasons des souverains pontifes comprenaient également, jusqu’à Benoît XVI, la tiare, coiffure extra-liturgique du pape en or et en argent, à trois couronnes. Ce dernier la portait traditionnellement à l’occasion des grandes solennités et surtout des cortèges. Le pape allemand a cependant retiré la tiare pour la remplacer par une mitre, imité par le pape François.
En revanche, l’écu du blason de Léon XIV, (soit la partie centrale, au centre des armoiries) pourrait rester semblable à son blason épiscopal, à l’instar de ses prédécesseurs. Lors de son discours, le nouveau pontife s’est ainsi présenté comme un «fils de Saint-Augustin», avant d’entamer un «je vous salue Marie» devant la foule, plaçant son pontificat sous le signe de la Vierge. Il est donc probable que le symbole de l’ordre mendiant et la référence à la Vierge Marie soient conservés sur l’écu pontifical.
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