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Gaza entre espoir de trêve et crainte d’offensive israélienne au Sud


Le Hamas dit avoir accepté une proposition de cessez-le-feu présentée par l’Égypte et le Qatar.

Correspondant à Jérusalem

Le Hamas a indiqué lundi soir avoir informé l’Égypte et le Qatar qu’il acceptait leur proposition pour un cessez-le-feu avec Israël dans la bande de Gaza. «Ismaël Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas, s’est entretenu par téléphone avec le premier ministre qatarien, Cheikh Mohammed Ben Abdelrahman al-Thani, et le ministre égyptien des Renseignements, Abbas Kamel, et les a informés que le Hamas avait approuvé leur proposition d’accord de cessez-le-feu», selon un communiqué publié sur le site du mouvement palestinien. Le Hamas a estimé que «la balle est désormais dans le camp» d’Israël. Mais un responsable israélien a indiqué que certains points de la proposition qataro-égyptienne n’étaient «pas acceptables» pour l’État hébreu. Israël va toutefois envoyer une délégation auprès des médiateurs, et les États-Unis vont «examiner» la proposition.

L’annonce du Hamas n’en a pas moins été accueillie par des scènes de joie et des tirs en l’air à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où avait soufflé un peu plus tôt un vent de panique. En début de matinée, l’armée israélienne avait en effet largué des tracts exigeant l’évacuation de la zone est de cette ville. Située entre la route Salah ad-Dine et la frontière avec Israël, elle serait habitée par 100.000 à 250.000 personnes qui étaient, lundi, les seules à être concernées par cet ordre d’évacuation également transmis via des appels téléphoniques ou des SMS. Il s’agit, a précisé l’armée dans une déclaration publiée lundi en milieu d’après-midi, «d’une opération de portée limitée, pas d’une évacuation de Rafah à grande échelle.» L’ordre préciserait également que les civils ne sont pas autorisés à s’approcher de la frontière sud du territoire avec l’Égypte. Environ 1,2 million de Palestiniens ont trouvé refuge à Rafah depuis le début de la guerre lancée le 7 octobre par l’attaque terroriste du Hamas.

L’armée israélienne a désigné une zone, sécurisée selon elle, où la population serait invitée à se rendre. Il s’agit d’une bande occidentale située dans le sud du territoire palestinien autour de la ville d’al-Mawassi. Selon le communiqué de l’armée, «des hôpitaux de campagne, des tentes, une quantité accrue de nourriture, d’eau, de médicaments et de matériel» se trouvent déjà sur place. Mais d’après Juliette Touma, de l’UNRWA, l’agence des Nations unies chargée des réfugiés palestiniens, «la zone d’al-Mawassi est déjà surpeuplée, avec plus de 450 000 réfugiés. Elle ne peut pas accueillir plus de monde.» Directrice de la communication de l’UNRWA, elle précise: «Al-Mawassi est comme tous les endroits de Gaza: elle n’est pas sécurisée.» Une autre source humanitaire affirme n’avoir constaté «aucun hôpital de campagne, ni rien de ce genre» dans la zone d’al-Mawassi.

Les espoirs d’une trêve s’éloignent

Cet ordre d’évacuation préfigure-t-il une opération terrestre maintes fois promise par le gouvernement israélien? L’armée serait prête. Lundi, au cours d’une conversation téléphonique avec le secrétaire américain à la Défense, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a affirmé qu’Israël n’avait pas d’autre choix. Lundi soir, Tsahal a mené des frappes sur l’est de la ville, alors que le djihad islamique palestinien lançait des roquettes depuis Gaza, vers Israël.

Cette déclaration survient après une nouvelle montée de tension avec le Hamas. Dimanche, le mouvement islamiste a tiré depuis Rafah une salve de roquettes et de tirs de mortiers, qui se sont abattus sur un camp de l’armée israélienne situé près du terminal de Kerem Shalom. Quatre soldats israéliens ont été tués. Au cours de la nuit de dimanche à lundi, des bombardements israéliens ont fait 16 morts à Rafah. Ils se sont poursuivis lundi et, selon le ministère de la Santé du Hamas, 52 personnes seraient mortes en 24 heures, ce qui porterait le nombre de victimes à 34 735 depuis le début de la guerre.

Les espoirs d’une trêve et de la libération des otages israéliens se sont alors éloignés. Samedi, une source officielle anonyme, attribuée ensuite par les médias israéliens à Benyamin Netanyahou lui-même, annonçait que, quoi qu’il arrive, la guerre continuerait et que l’armée entrerait dans Rafah. Cette déclaration est arrivée quand bien même semblait se rapprocher la possibilité d’un accord avec le Hamas sur la libération des quelque 130 otages israéliens captifs depuis sept mois.

«C’est difficile de voir la même souffrance se répéter»

La «source officielle» aurait souhaité torpiller les négociations qu’elle ne s’y serait pas prise autrement. La question de la poursuite des opérations militaires dans la bande de Gaza est en effet le point de désaccord majeur entre les deux parties, le mouvement islamiste réclamant un cessez-le-feu alors que Benyamin Netanyahou et des membres de sa coalition ne cessent de prôner une «victoire totale», c’est-à-dire le démantèlement du Hamas dans la bande de Gaza. Cela nécessite une opération militaire à Rafah. Lundi, le Hamas a promis qu’une opération militaire à Rafah «ne serait pas une partie de pique-nique» pour l’armée israélienne.

Coincée entre les deux belligérants, la population civile ne sait à quel saint se vouer. Lundi, sous la pluie, des milliers de personnes ont fui sans trop savoir où aller. Réfugiée à Rafah chez un membre de sa famille, Asma, une habitante de Khan Younes, est réticente à l’idée de retourner chez elle. L’armée israélienne a quitté sa ville. Son immeuble est toujours debout. Mais son appartement n’a plus de fenêtres et, surtout, il n’y a pas d’eau. «Nous avons perdu tout espoir d’une trêve ce matin», explique-t-elle. Originaire du nord de la bande de Gaza, où sa maison a été détruite dans un bombardement, Amal vit sous une tente près de Rafah. Elle a peur de devoir fuir à nouveau. «C’est difficile de voir la même souffrance se répéter», reconnait-elle.

La perspective d’une opération terrestre à Rafah soulève la question de l’approvisionnement humanitaire de la bande de Gaza. Un flot continu de 500 camions par jour est nécessaire pour répondre aux besoins des 2,5 millions d’habitants. Mais depuis le bombardement du Hamas dimanche, le terminal de Kerem Shalom, porte d’accès donnant sur Israël, est fermé. Celui de Rafah, tout proche et donnant sur l’Égypte, ne le serait pas totalement. Dans le nord de la bande de Gaza, le terminal d’Erez est désormais présenté comme fonctionnel par l’armée israélienne. L’armée américaine poursuit, quant à elle, les travaux de construction du port flottant, au large, à mi-hauteur du territoire palestinien, où des navires venus de Chypre pourront débarquer de l’aide qui serait ensuite convoyée à terre par de petits bateaux. Ensuite, se posera la question de la distribution à une population affamée, dans un territoire en proie à l’anarchie.


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