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«l’affaire Scurati, une blessure européenne»


Giorgia Meloni à Bruxelles le 18 avril.
KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Après la censure d’un monologue de l’écrivain Antonio Scurati par la télévision publique italienne Rai, le directeur de La Repubblica dénonce une attaque contre l’État de droit.


Maurizio Molinari est directeur de la rédaction de La Repubblica.


La censure de la télévision publique italienne (Rai) contre l’écrivain Antonio Scurati et l’attaque personnelle qu’il a subie de la part de la première ministre italienne, Giorgia Meloni, nous indiquent qu’en Italie l’état de droit est attaqué. D’abord la censure, puis l’attaque personnelle ont eu lieu parce que Scurati devait lire un monologue à la télévision à l’occasion de l’anniversaire de la libération de l’Italie du fascisme nazi – qui a eu lieu le 25 avril 1945. Cela pose la question de savoir pourquoi la première ministre italienne, bien qu’ayant condamné à plusieurs reprises le fascisme, reste incapable de parler d’« antifascisme ». La privation d’un écrivain – ou de tout citoyen – de son droit de parole par un gouvernement constitue une violation de la liberté d’opinion, pilier de l’état de droit, protégé par les traités de l’Union européenne et proclamé par les Constitutions de nos pays comme un droit fondamental. C’est pourquoi la censure contre Scurati n’est pas seulement une affaire italienne, mais une blessure européenne.

Il s’agit d’une blessure européenne car, lorsqu’un seul citoyen de l’UE, dans n’importe quel pays, se trouve incapable d’exprimer son opinion, c’est le problème de tous. C’est une blessure européenne car, lorsque la télévision publique d’un pays de l’UE, au lieu d’accueillir toutes sortes d’opinions, préfère n’en choisir qu’une seule, c’est l’affaire de tous. Il s’agit d’une blessure européenne car, lorsque le pouvoir exécutif désigne publiquement un individu comme son adversaire, au-delà de la critique légitime de ses idées, c’est un problème pour tous les citoyens de l’UE.

La censure de Scurati n’est pas une controverse politique entre un parti et un autre, et elle ne doit pas être confondue avec les batailles électorales en cours, car elle concerne l’exercice de la liberté d’expression. Lorsque celle-ci est violée, nous tous, citoyens européens, devenons plus vulnérables.

Malheureusement, l’Italie n’est pas le seul, ni le premier pays de l’UE où le pouvoir exécutif dépasse ses prérogatives légitimes et cède à la tentation de limiter, d’attaquer la liberté d’informer pour faire taire les voix et les opinions indésirables. C’est pourquoi la tâche des médias indépendants est de mettre en lumière de tels comportements, afin de les prévenir.

(*) La Repubblica fait partie de l’alliance LENA aux côtés du Figaro, d’El País, de Die Welt, du Soir, de Gazeta Wyborcza, de La Tribune de Genève et de Tages Anzeiger.


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