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à l’université Columbia, la dérive antisémite des manifestations propalestiniennes


Les manifestations de soutien à Gaza qui secouent depuis plusieurs jours le campus de l’université new-yorkaise de Columbia semblent avoir été émaillées de graves incidents antisémites.
STEPHANIE KEITH / AFP

En proie à d’importantes manifestations de soutien au peuple palestinien, l’université new-yorkaise n’est désormais plus un refuge sûr, déplorent des étudiants juifs.

D’après des vidéos très largement partagées sur les réseaux sociaux, les manifestations de soutien à Gaza qui secouent depuis plusieurs jours le campus de l’université new-yorkaise de Columbia semblent avoir été émaillées de graves incidents antisémites. On y voit notamment un manifestant propalestinien, masqué, brandissant le drapeau de la Palestine et cette pancarte : «retournez en Pologne !»

Un étudiant de l’université rapporte également sur Twitter que les manifestants ont volé un drapeau israélien et tenté de le voler, quand d’autres ont aspergé d’eau des étudiants juifs.

L’association Columbia Chabad, section étudiante d’un mouvement juif orthodoxe d’envergure internationale, accuse dans un communiqué des manifestants d’avoir déclaré à l’intention d’étudiants juifs : «tout ce que vous faites, c’est de coloniser» ou encore «retournez en Europe !»

«Nous sommes horrifiés et inquiets pour la sécurité physique» des étudiants juifs sur le campus, indique ce communiqué, ajoutant que l’organisation a embauché des gardes du corps armés pour raccompagner les étudiants à l’issue des réunions de l’association. Le rabbin Elie Buechler, proche de ce groupe d’étudiants, a «fortement» conseillé aux étudiants juifs de rentrer chez eux dimanche, a rapporté CNN.

Hillel, une autre organisation juive de Columbia, a de son côté déclaré sur Twitter que les étudiants juifs ne devraient pas quitter le campus mais que l’université devait «faire plus pour assurer la sécurité de nos étudiants».

Protestant contre la guerre menée par Israël à Gaza, les étudiants propalestiniens de Columbia réclament notamment que l’établissement boycotte toute activité en lien avec Israël. Une centaine d’entre eux , qui avaient lancé une occupation des pelouses du campus, ont été interpellés jeudi par la police.

Joe Biden dénonce un «antisémitisme flagrant»

En réaction aux incidents, le président américain Joe Biden a affirmé dimanche dans un communiqué que l’antisémitisme n’a «pas sa place» sur les campus. «Ces derniers jours, nous avons été témoins de harcèlement et d’appels à la violence contre des juifs», a-t-il déclaré, ajoutant : «cet antisémitisme flagrant est répréhensible et dangereux, et il n’a absolument pas sa place sur les campus universitaires, ni nulle part dans notre pays».

Le maire de la ville de New York, Eric Adams, a également réagi sur Twitter pour s’indigner d’une «propagation de l’antisémitisme» à l’université de Columbia, affirmant avoir demandé à la police municipale new-yorkaise d’enquêter sur toute violation de la loi qui leur serait rapportée.

D’autres étudiants juifs, rapporte le New York Times, sont toutefois impliqués dans les manifestations de soutien à la Palestine. C’est le cas par exemple de Grant Miner, membre d’un collectif étudiant appelant notamment l’université à ne plus avoir d’activités en Israël ; celui-ci a malgré tout regretté que «quelques individus au comportement incendiaire» parmi les manifestants aient «détourné l’attention des médias» sur les intimidations à l’égard des étudiants juifs, rappelant que son collectif «rejette fermement toute forme de haine ou de sectarisme».

Depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, les campus américains ont été le théâtre de tensions et des voix se sont élevées pour dénoncer une montée de l’antisémitisme. Les républicains se sont emparés du sujet et après une audition houleuse au Congrès, la présidente de l’université de Pennsylvanie Elizabeth Magill, puis son homologue de Harvard Claudine Gay ont démissionné, respectivement en décembre et en janvier. Également auditionnée, la présidente de Columbia Nemat Shafik s’était défendue devant les élus du Congrès, assurant que l’«antisémitisme [n’avait] rien à faire sur notre campus».

Quatre-vingt-quinze professeurs ont par ailleurs signé une lettre contre l’installation d’une antenne de l’université de Columbia à Tel-Aviv, en Israël, estimant que ce projet serait une validation, de la part de l’université, de la situation politique actuelle dans le pays.


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