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des retrouvailles dans l’ombre de la guerre


RÉCIT – Depuis l’invasion de l’Ukraine et la perspective, désormais possible, d’un affrontement majeur, les deux mondes s’observent avec des yeux nouveaux, loin de l’indifférence qui régissait parfois leurs relations. Populaires dans l’opinion, certains militaires vont jusqu’à investir le champ politique et électoral.

Les élèves de l’Institut national du service public (INSP), l’ancien Ena, ont revêtu la «frag» et le treillis, le gilet pare-balles et la tenue de camouflage. Sur le plateau de Canjuers, dans le Var, où l’armée de terre s’entraîne avant de partir en opération, la future élite administrative et politique de la France s’est frottée mi-avril à des exercices inédits : bivouac, tir, secourisme de combat, prise de décision tactique… Ce n’est ni la guerre ni le retour du service militaire, mais une plongée dans une autre réalité qui s’est prolongée, la semaine suivante, par une série de visites au sein des armées, d’une présentation du programme Scorpion, à la découverte d’un sous-marin nucléaire d’attaque… Leurs prédécesseurs sur les bancs de l’Ena se contentaient de trois journées de sensibilisation aux questions de défense, de dissuasion et d’une rencontre avec la gendarmerie. Mais les temps ont changé, durablement, avec le retour «de sujets qu’on pensait derrière nous», souligne Maryvonne Le Brignonen, la directrice de l’institut. «Nos élèves sont très conscients que la France et l’Europe font face à des menaces accrues», dit-elle. Ces élèves seront dans quelques années aux commandes de l’État. Certains franchiront peut-être le pas de la politique.

Avec la multiplication des crises et des menaces, les mondes civils, politiques et militaires s’observent avec des yeux nouveaux. Ils réapprennent à se connaître. Après la fin de la Guerre froide, les responsables gouvernementaux avaient pu considérer l’armée comme un couteau suisse diplomatico-militaire utile en cas de crise ou comme une variable d’ajustement budgétaire en période d’économie. Le reste de la société observait ce petit milieu comme un monde à part. Le général Lecointre, ancien chef d’état-major des armées, raconte cette incompréhension persistante dans son livre Entre guerres. «Nous allions à la guerre dans l’indifférence générale», raconte-t-il à propos des opérations extérieures auxquelles il a participé dans les années 1990.

Depuis l’invasion de l’Ukraine et la perspective, désormais possible, d’un affrontement majeur…

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