Français

Qui est Manahel al-Otaibi, la blogueuse saoudienne condamnée à 11 ans de prison?


Professeur de fitness, blogueuse et militante pour le droit des femmes, la jeune femme de 29 ans a été condamnée pour son «choix vestimentaire et l’expression de ses opinions en ligne».

L’élection de l’Arabie saoudite à la présidence de la 69ème Commission de la condition de la femme aux Nations unies en mars avait déjà causé de vifs débats sur la condition. Ils ne devraient guère s’éteindre. Le 30 avril, les ONG Amnesty International et ALQST ont ainsi dénoncé la condamnation à 11 ans de prison lors d’une «audience secrète» de l’activiste saoudienne des droits humains Manahel al-Otaibi en raison de «son choix vestimentaire et de l’expression de ses opinions en ligne».

Bien que le jugement ait été rendu le 9 janvier, il a été révélé publiquement quelques semaines plus tard dans une communication du royaume aux rapporteurs spéciaux de l’ONU chargés de l’affaire, comme l’ont déclaré Amnesty International et ALQST dans un communiqué.

Une coach sportive et blogueuse engagée

Derrière le nom de Manahel al-Otaibi se cache une femme de 29 ans, professeure de fitness de métier. Très active sur les réseaux sociaux comme X et Snapchat, elle y partage sa vie entre ses voyages, ses séances de fitness, mais aussi ses convictions politiques. Régulièrement, elle utilise notamment ses plateformes pour dénoncer la condition des femmes en Arabie saoudite Elle a, par exemple, lancé un hashtag pour abolir le système de tutelle masculine, toujours en vigueur dans le royaume, le hashtag «lasociétéestprête» (expression traduite, NDLR). Elle poste aussi régulièrement des photos d’elle en tenue occidentale, sans abaya, une longue robe ample traditionnelle.

Elle a également montré son soutien envers les réformes du gouvernement saoudien, dans le cadre du plan Vision 2030 en faveur des droits des femmes, comme la levée de l’interdiction de conduire en 2017 ou l’assouplissement sur la tenue vestimentaire en 2019, relate le GuardianDans une interview sur la Deutsche Welle en 2019, elle affirmait qu’elle se sentait libre d’exprimer ses opinions.

Quelques années plus tard, le 16 novembre 2022, elle est pourtant arrêtée. La raison : ses posts sur les réseaux sociaux, qui dérangent. Elle est inculpée pour «infraction à la Loi relative à la lutte contre la cybercriminalité, en raison de ses tweets en faveur des droits des femmes et de la publication sur Snapchat de photos d’elle sans abaya dans un centre commercial», rapporte Amnesty International dans un communiqué. Son dossier a été envoyé par le tribunal pénal de Riyadh devant le Tribunal pénal spécial, créé pour juger les affaires de terrorisme. Elle est détenue à la prison d’al Malaz. Selon Amnesty International, elle est soumise à une «disparition forcée» entre novembre 2023 et avril 2024. Pendant cette période, la famille n’a aucune nouvelle d’Otaibi.

Ses sœurs également sous le feu des projecteurs

Fouz , la sœur aînée de Manahel al-Otaibi, a également été accusée de s’habiller de manière insuffisamment décente. Elle a d’ailleurs fui l’Arabie saoudite en 2022 pour échapper à son arrestation. Elle risque la prison si elle retourne au Royaume.

Son autre sœur, Maryam al-Otaibi, a également été arrêtée en 2017 à Riyadh après avoir voulu fuir le foyer de son père pour «vie indépendante», relate la BBC. Après 104 jours de détention, elle a été relâchée. Elle aussi dénonçait publiquement le système de tutelle masculine avec le #IAmMyOwnGuardian («Je suis mon propre tuteur» NDLR)


Apsny News

İlgili Makaleler

Bir yanıt yazın

Başa dön tuşu