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Indifférence dans les capitales européennes, après le discours d’Emmanuel Macron à la Sorbonne


Le président français Emmanuel Macron à la fin de son discours sur l’Europe dans l’amphithéâtre de l’Université de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024.
CHRISTOPHE PETIT TESSON/via REUTERS

Plusieurs ambassades font part des «attentes limitées» que représentait ce discours.

Un discours-fleuve qui peine à convaincre. Après la longue allocution du président à la Sorbonne dans laquelle celui-ci a présenté la longue liste de ses ambitions pour le futur de l’UE afin de passer à une «Europe-puissance», les réactions européennes se font attendre.

Loin du discours fondateur «Sorbonne 1» en septembre 2017, le récit déroulé par le président ressemble plus à un bilan des avancées emmenées par la France qu’à une vision révolutionnaire de l’Europe. À titre d’exemple, la «force d’intervention» européenne de 5000 hommes qu’a appelée Emmanuel Macron de ses vœux est en réalité en discussion depuis le sommet d’Helsinki de… 1999. À l’issue du discours, les réactions dans les différentes capitales sont restées éparses et plutôt tièdes.

Un pas vers Olaf Scholz

Dans les ambassades, on justifie ce manque d’intérêt par le sentiment que cette intervention était principalement destinée «aux Français» avec des «accents électoralistes» dans un contexte de début de campagne. Dans un tweet posté sur X en milieu d’après-midi, le chancelier allemand, Olaf Scholz, a déclaré que le discours du président français contenait «de bonnes impulsions». «La France et l’Allemagne veulent ensemble que l’Europe reste forte. (…) Ensemble, nous faisons avancer l’Europe: politiquement et économiquement», a-t-il écrit.

Dans son allocution, le président français semble avoir fait un pas vers son homologue allemand. Emmanuel Macron s’est ainsi montré ouvert à l’idée d’une défense antimissile de l’Europe. «Faut-il un bouclier antimissile? Peut-être…», a-t-il concédé, dans un changement de position vis-à-vis du projet allemand d’European Sky Shield Initiative (ESSI), qui avait suscité de fortes réticences de la part de Paris.

À Bruxelles, cependant, plusieurs ambassades font part des «attentes limitées» que représentait ce discours, avec une «attention générale européenne moins grande». «Il n’y a pas de grandes surprises, c’est surtout la confirmation d’une ligne que nous avons déjà commencé à emprunter», évacue un diplomate. Un autre pointe «des positions françaises assez traditionnelles, sur l’industrie, la défense, le commerce, mais dont on doute qu’elles feront l’objet d’un véritable consensus européen».

Avec Emmanuel Macron, la France s’est en effet positionnée comme chef de file d’une nouvelle politique européenne, prônant plus de sécurité et de souveraineté, à rebours des discours, parfois plus atlantistes, de certains autres États membres. La question du nucléaire l’a longtemps opposée à l’Allemagne, et son discours opiniâtre sur un nouvel emprunt européen ne passe pas dans plusieurs capitales du nord, chez les pays dits «frugaux». «L’analyse faite que beaucoup de choses doivent être changées, je pense que tout le monde peut être d’accord, détaille un diplomate européen. Mais c’est la forme des suggestions qui est plus sujette à débat.»

Les spectateurs les plus attentifs du discours auront cependant pu constater que, si le président français a fait l’éloge d’une Europe qui a su réagir et faire face aux défis qui lui ont été posés ces dernières années, pas une seule fois le nom de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, n’a été mentionné par le chef d’État. Celle-ci est pourtant en campagne pour sa propre succession, alors même que de récentes informations font part de nouvelles tractations entre Paris et Rome pour lui trouver une alternative.


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